Roucou ; un colorant naturel
Dans son ouvrage du XVIIe siècle, Comptabilité de l’histoire morale et naturelle des Indes occidentales (1658)*, De Rochefort décrit les usages locaux du Roucou, arbre omniprésent dans la région à l’époque de sa visite. L’auteur wallon décrit minutieusement l’arbre qui « n’est pas plus haut qu’un petit oranger » et dont les feuilles pointues ont la forme d’un coeur. L’arbre du Roucou porte également des fleurs blanches mêlées d’œillets qui poussent en petits buissons à l’extrémité des branches. Les fleurs sont précédées de petites gousses qui renferment plusieurs graines de la taille d’un petit pois. C’est à partir de ces graines mûres « de la couleur la plus vive et la plus vermillon qui se puisse imaginer » que l’on fabrique une teinture d’un rouge flamboyant. Après avoir décrit le processus d’extraction de la teinture, Rochefort explique qu’elle est séchée et façonnée en « pastilles et petites boules qui sont très estimées des Peintres et des Teinturiers lorsqu’elles sont pures ». La racine du roucou était également utilisée pour donner une délicieuse saveur aux viandes et, ajoutée aux sauces, elle leur donnait la couleur et le parfum du safran. Aujourd’hui, à Saint-Martin, le roucou est toujours utilisé dans la cuisine traditionnelle à des fins de coloration, mais il peut également être utilisé dans les cosmétiques maison, par exemple dans une huile autobronzante à base de roucou.
*DE ROCHEFORT Charles, L’histoire des îles Caribby, Livre I ; Histoire naturelle de ces îles (1658), imprimé par J.M, Londres, 1666, p.43-44.